Le vert et le brun évoquent la nature, la terre, mais leur insertion dans cette structure lacérée suggère un paysage intérieur plus que physique, une métaphore de la transformation et du changement. La couleur est stratifiée, avec des zones qui semblent usées par le temps, marquées par des interventions picturales et matérielles qui accentuent son caractère vécu. Les formes ne s’emboîtent pas parfaitement, conservant la trace de leur séparation, comme des cicatrices d’un processus qui ne recherche pas la perfection, mais l’authenticité. La tridimensionnalité issue de la recomposition physique de la matière picturale confère à l’œuvre une présence concrète, un objet qui existe non seulement dans la bidimensionnalité du tableau, mais aussi dans l’espace réel. Dans ce travail, l’idée de métaphore devient évidente dans la relation entre le geste de l’artiste et la construction de l’image : déchirer, recomposer, transformer. C’est une action qui rappelle la manière dont la mémoire, l’identité et l’expérience humaine se forment et se reconstruisent au fil du temps. L’œuvre devient ainsi une réflexion sur la fragmentation de l’existence et la possibilité de donner un nouveau sens aux éléments du passé, à travers un acte créatif qui ne dissimule pas les blessures, mais les valorise comme partie intégrante du processus.

Maria Stones, critique d'art

Acrylique sur papier Fabriano sur panneau PVC 70x100 cm